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22 NOV 2021

Pourquoi il faut revoir le fonctionnement de la COP

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C’était l’évènement phare de l’année. Or, pour beaucoup – pays du Sud, écologistes, observateurs –, la COP26 qui s’est tenue à Glasgow du 1er au 11 novembre, n’a pas été à la hauteur des attentes même si quelques signes de progrès ont été notés.

Pour un observateur en particulier, François Gemenne, spécialiste en géopolitique de l’environnement et membre du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), « la déception qu’elle suscite aujourd’hui est à la mesure des attentes que la COP26 avait suscitée ».

Intervenant lors d’un webinaire organisé par la MCB le 19 novembre dernier, ayant pour thème COP26 : Enjeux et Bilan, le chercheur a expliqué que ce sentiment découle surtout du fait que l’on « suppose que les COP peuvent en quelque sorte remplacer l’action des gouvernements, des industries, des institutions ou des individus. Or, nous ne pouvons attendre d’une conférence internationale qu’elle agisse à notre place ».


Il n’y a pas de vote à la COP (Conference of Parties) qui fonctionne selon la règle du consensus, explique notre expert. « Mais quand vous devez mettre d’accord 187 pays très différents, généralement le seul consensus que vous avez, c’est sur le plus petit dénominateur commun. Et ce plus petit dénominateur commun est en général fixé par les pays les moins ambitieux, c’est-à-dire des pays comme l’Arabie Saoudite et l’Australie ».

Résultat des courses, affirme François Gemenne, cette règle du consensus « donne un pouvoir de blocage extraordinaire aux pays les moins ambitieux et quelque part, ce sont ces pays qui ont toujours le mot de la fin ».

Il y a eu au cours de la première semaine de la conférence quelque chose d’inédit où des petits regroupements d’États sont venus de l’avant chaque jour avec des annonces significatives. Parmi, les pays les plus responsables de la déforestation, notamment le Brésil, le Gabon et l’Indonésie, se sont engagés à grandement réduire la déforestation d’ici 2030 en échange d'une compensation financière.

Une autre coalition de pays s’est engagée à lutter plus efficacement contre les émissions et les fuites de méthane, un gaz à effet de serre 30 fois plus nocif que le CO2 mais dont l’importance a jusqu’ici été minimisé dans les négociations.

Un troisième groupe s’est engagé à faciliter l’accès aux technologies vertes aux pays en développement.  D’autres comme les États Unis et le Canada ont annoncé qu’ils n’allaient plus financer la prospection des énergies fossiles à l’étranger alors qu’un autre groupe de pays producteurs de charbon, mené par la Pologne, s’est engagé à sortir du charbon d’ici 2030.

Pour François Gemenne, ces annonces, bien qu’elles ne font pas parties du processus de négociations, ont été « quelques uns des éléments les plus importants » de la conférence car elles démontrent qu’il y a une volonté de s’affranchir de la règle du consensus.

« Cela me semble aller dans le bon sens et me semble préfigurer de ce qui pourrait être le futur de la coopération internationale – une coopération qui s’appuie sur des États volontaires qui forment des petites coalitions et qui essaient de tirer les autres vers le haut alors que le consensus tire tout le monde vers le bas », conclut-il à ce sujet.

Notre expert estime que le fait que le terme « énergies fossiles » ait été mentionné pour la première fois en 27 ans dans le texte final constitue un grand pas en avant. Bien que toutes les négociations tournent autour des émissions de CO2, la source de la plupart de ces émissions n’a jamais été mentionné explicitement parce que l’Arabie Saoudite s’y est toujours opposée.

Le texte s’attaque aussi aux subventions accordées par les États aux énergies fossiles. Un point très important, selon François Gemenne car les subventions sont la raison pour laquelle les énergies fossiles ne sont pas cher. Là où le bât blesse c’est que le texte final a été amendé au dernier moment pour parler de renonciation à des « subventions inefficaces » sans définir les inefficacités en question…

Autre élément clé : tous les pays devront réviser à la hausse leurs engagements chaque année puisque les engagements collectifs restent bien en dessous de ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif de limiter la hausse de température à 2°C voir 1.5°C. Si tous les pays respectent leurs engagements, nous nous dirigeons vers une hausse de température de 2.4°C d’ici 2100 mais même ce scenario est optimiste dans le sens où il est tristement évident que les engagements actuels ne seront pas tenus, faute de sanctions.

Maurice a revu à la hausse ses engagements de réduction d'émissions de 30 %. Le pays s’engage maintenant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030.

Comme tous les états du Sud, Maurice dépend du financement pour l’adaptation aux effets du changement climatique. Et c’est là une autre déception de la COP26, les pays industrialisés n’ont jusqu’ici pas respecté leurs engagements financiers. En 2009, ils avaient promis de mobiliser USD 100 milliards par an pour les pays du Sud à partir de 2020. Cet argent n’a toujours pas été déboursé.

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