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Dr. Nicolas Zuel : "Sans financement, il y aurait très peu de projets de conservation"

Écologue passionné, le Dr Nicolas Zuel est Conservation Manager à Ebony Forest. Son expertise et son engagement sont au cœur des efforts de protection et de restauration des écosystèmes uniques de Maurice.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler à Ebony Forest ?
En 2019, après dix années enrichissantes en tant que Fauna Manager à la Mauritian Wildlife Foundation (MWF), j’ai eu la chance de participer à des projets marquants tels que le « Downlisting » (reclassification) du Pigeon des mares et de la grosse Cateau verte, passant de « Endangered » à « Vulnerable », ainsi que l’augmentation des populations d’oiseaux à lunettes et du Cardinal de Maurice sur l’île aux Aigrettes.
Cependant, une ombre subsistait : le « Uplisting » (classement aggravé) de la crécerelle de Maurice, qui est passée de « Vulnerable » à « Endangered ». Cette situation a fait émerger un sentiment de frustration.
Mes aspirations, qui étaient de plus en plus orientées vers des actions de conservation tangibles, ne s’alignaient plus pleinement sur les priorités de la MWF, axées sur la collecte de données et le suivi. Je ressentais le besoin de m’engager dans des projets de restauration écologique d’une portée plus large, visant à rétablir l’équilibre des écosystèmes plutôt qu’à gérer des espèces de manière isolée.
Tortue vue à Ebony Forest.
C’est cette volonté de passer à l’action qui m’a conduit à rejoindre Ebony Forest en mai 2019. Ce projet, ambitieux et porteur d’espoir, privilégie une approche holistique de la conservation. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix (sourire).
Présentez-nous Ebony Forest.
Ebony Forest est une organisation non gouvernementale et caritative dédiée à la conservation et à la restauration des écosystèmes forestiers à travers trois sites : Chamarel (50 hectares), La Vallée de L’Est (35 hectares) et Montagne-Longue (30 hectares). À ce jour, ces efforts ont permis de restaurer plus de 50 hectares de forêt, avec la plantation de plus de 165 000 plantes indigènes réparties sur l’ensemble des trois sites. Nous œuvrons avec passion pour redonner vie à ces espaces, contribuant ainsi à préserver notre patrimoine naturel pour les générations futures.
En juin 2017, Ebony Forest a ouvert ses portes au public, avec un centre d’accueil moderne, comprenant un musée interactif. Ce centre permet aux visiteurs de découvrir nos forêts restaurées, et d’observer des espèces fauniques endémiques dans leur milieu naturel.
Ebony Forest est également un centre de formation agréé par la Mauritius Qualifications Authority (MQA), offrant des cours sur la conservation, la restauration écologique et les changements climatiques.
Qu’en est-il des oiseaux endémiques ?
Notre travail de conservation se concentre sur quatre espèces d’oiseaux endémiques majeures : la crécerelle de Maurice, la grosse Cateau verte, le Pigeon des mares et l’oiseau à lunettes. Nous menons également des programmes de suivi pour d’autres espèces, telles que le pic-pic, le Merle de Maurice et le Coq des bois, présents sur nos trois sites.
Cependant, notre engagement ne s’arrête pas aux oiseaux ; nous avons également mis en place un programme de conservation pour les geckos (Phelsuma guimbeaui), les escargots endémiques (Pachystyla bicolor) et les tortues d’Aldabra, que nous relâchons dans leur habitat naturel.
Des accomplissements récents ?
Nous sommes fiers de plusieurs accomplissements récents. Parmi ceux-ci, la réussite du relâcher de la grosse Cateau verte et de l’oiseau à lunettes à Ebony Forest, la naissance en captivité des Phelsuma guimbeaui, ainsi que la propagation réussie de plusieurs espèces de bois corail. Ces succès témoignent des efforts collectifs de notre équipe et des partenaires qui soutiennent nos initiatives.

L’Ébénier noir
Des défis ?
Nos principaux défis incluent un financement insuffisant, le besoin de personnel qualifié et motivé, ainsi que les démarches administratives pour obtenir les autorisations nécessaires à la mise en place de certains projets. De plus, nous faisons face à un manque de collaboration efficace entre les différentes institutions œuvrant dans le domaine de la conservation, ce qui complique la mise en place de stratégies concertées et efficaces.
Maintenant, passons à la forêt. Quel est son rôle systémique ?
Les forêts jouent un rôle crucial dans l’équilibre écologique de notre planète. Elles captent le dioxyde de carbone lors de la photosynthèse et libèrent de l’oxygène, contribuant ainsi à maintenir la qualité de l’air que nous respirons.
De plus, elles fixent le carbone dans leurs troncs, ce qui aide à réduire la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, un facteur clé dans la lutte contre les changements climatiques.
Mais les forêts ne se contentent pas de purifier l’air : elles jouent également un rôle fondamental dans le cycle de l’eau. Elles limitent la violence des inondations en absorbant l’eau et la libèrent progressivement, permettant un écoulement plus régulier et une meilleure gestion des ressources en eau. Elles sont également des refuges pour une multitude d’espèces animales, offrant des habitats vitaux pour la biodiversité.
Quel est votre constat sur la dégradation de nos forêts à Maurice ?
Il est triste de constater que jadis, 90 % de la surface de l’île était recouverte de forêt primaire originelle. Cependant, avec la colonisation et le développement de la culture de la canne à sucre, cette couverture forestière a été considérablement réduite. En 1997, il ne restait que 2 % de cette forêt originelle. Aujourd’hui, ce chiffre a chuté à seulement 1,7 %, ce qui place Maurice parmi les trois pays au monde possédant la forêt la plus menacée. Ce constat alarmant souligne l’urgence de la situation et la nécessité d’agir.
Donc, la restauration de nos forêts est une action vitale ?
Absolument. La restauration de nos forêts est essentielle pour reconvertir les anciennes zones dégradées en forêts de haute qualité. Si nous laissons disparaître nos forêts, nous perdrons non seulement des habitats naturels irremplaçables, mais aussi tous les services écologiques qu’elles nous offrent, notamment la régulation du climat, la gestion de l’eau et le maintien de la biodiversité.
Heureusement, de nombreuses initiatives sont en cours à Maurice pour restaurer ces écosystèmes vitaux et nous espérons que ces efforts contribueront à inverser cette tendance inquiétante.
Changements climatiques : quel impact sur nos forêts ?
Les cyclones sont de plus en plus fréquents et violents, ce qui a un impact direct sur nos forêts. De nombreux arbres sont endommagés par ces phénomènes climatiques. Cependant, il est important de souligner que les forêts dominées par des espèces indigènes résistent mieux aux cyclones que celles composées principalement d'espèces exotiques.
Par ailleurs, nous constatons des changements dans la saison des pluies et une fluctuation des températures, ce qui perturbe la floraison des plantes et altère les écosystèmes.
Quels dangers en l’absence d’actions d’atténuation et de mitigation ?
Sans actions d’atténuation et de mitigation, les conséquences des changements climatiques seront particulièrement dramatiques pour une petite nation insulaire en développement comme la nôtre. Les effets seront bien plus sévères ici que dans les zones continentales.
Bien que nous puissions prendre des mesures de mitigation à notre échelle, étant une petite île, nos efforts auront un impact limité. La véritable clé réside dans une approche globale de la mitigation.
Néanmoins, l’urgence est de se concentrer davantage sur l’adaptation aux changements climatiques en utilisant notamment des stratégies fondées sur les écosystèmes telles que la replantation d’arbres pour créer des forêts, la restauration des mangroves et la promotion de l’agriculture régénérative, etc.
Qu’est-ce qu’il faut, selon vous, en termes d’engagement public, de sensibilisation et de politiques nationales, pour garantir le succès des efforts de conservation ?
Il est impératif de renforcer la sensibilisation du public à l’importance de la conservation. Reconnecter la population à la nature est essentiel, car on protège ce qu’on aime et on aime ce que l’on connaît.
De nombreuses personnes ignorent la crise de la perte de biodiversité et les effets des changements climatiques. Donc, il est crucial d’intensifier les efforts d’éducation et de sensibilisation afin que le grand public prenne conscience de ces enjeux vitaux. Par ailleurs, une politique nationale plus ambitieuse, visant à intégrer la conservation dans les actions quotidiennes et les décisions politiques, serait également un grand pas en avant.
Comment la MCB vous finance-t-elle et pourquoi est-ce important ?
La MCB nous soutient financièrement chaque année en finançant certains de nos projets. Après Bioculture Cares, la MCB est notre principal financeur local. Cette aide est essentielle car elle nous permet de réaliser nos projets et de continuer notre travail de restauration et de conservation des écosystèmes.
Qu’est-ce que ce financement vous permet de faire concrètement ?
Grâce à ce financement de la MCB, nous avons pu restaurer deux hectares de forêt, soutenir nos projets pour la grosse Cateau verte et l’oiseau à lunettes. Cela nous a également permis d’organiser des visites éducatives pour les enfants à Ebony Forest.
Pour nous, ces actions sont cruciales pour la préservation de notre patrimoine naturel et pour sensibiliser les jeunes générations à la biodiversité de notre île.
Pourquoi le financement est-il crucial pour la conservation ?
Le financement est au cœur de nos actions. Sans soutien financier, nous ne serions pas en mesure de mener à bien nos projets de conservation ni d’en étendre la portée. Les fonds nous permettent de poursuivre nos efforts, d’élargir nos initiatives et de mettre en place de nouveaux programmes. Nous appelons donc, toutes les personnes, entreprises et institutions prêtes à nous soutenir à prendre contact avec nous pour nous aider à concrétiser nos projets et à poursuivre notre mission de sauvegarde de l’environnement.
Comment les données historiques de conservation sur les forêts, telles que cartes, inventaires et études, guident-elles les efforts de conservation aujourd’hui ?
Les données historiques sont cruciales pour comprendre l’état initial de nos forêts et définir les objectifs de restauration. Elles nous offrent une vision claire de ce qui existait autrefois et nous aident à tracer une trajectoire précise pour la reconquête de ces écosystèmes. Ces informations permettent d’orienter nos efforts de conservation de manière ciblée et efficace.
De ce fait, la préservation des forêts demeure-t-elle essentielle pour les générations futures ?
Absolument. Les forêts jouent un rôle fondamental dans la régulation du climat et offrent des services vitaux tels que la gestion du ruissellement et la production d’oxygène. Elles sont également des réservoirs inestimables de biodiversité. Si nous perdons ces écosystèmes, les générations futures souffriront non seulement de la perte de ces services, mais aussi de l’aggravation des effets des changements climatiques.
Quels sont les risques environnementaux et sociaux si les efforts de conservation des forêts ne sont pas poursuivis ou intensifiés ?
Les risques environnementaux incluent une augmentation des émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, des glissements de terrain, des inondations fréquentes et des sécheresses. D’un point de vue social, cela engendrera des tensions communautaires et une migration accrue vers des zones considérées comme des refuges climatiques, exacerbant les crises sociales et économiques.
Quels projets ou initiatives sont mis en place pour encourager la participation communautaire à la protection des forêts ?
Il existe peu de projets de ce type à Maurice, bien que Rodrigues se distingue par une plus grande implication des communautés locales. Là-bas, les habitants sont davantage en contact avec la nature et sont plus conscients des risques liés à la perte de biodiversité et aux impacts des changements climatiques. Il serait crucial d’encourager cette prise de conscience à Maurice pour renforcer l’engagement communautaire.
Quel rôle jouent les jeunes dans ces efforts de conservation ?
Les jeunes jouent un rôle essentiel dans la pérennité de la conservation. Ce sont eux qui porteront les projets de conservation et de restauration à long terme en assurant la continuité des actions entreprises par les générations précédentes. Leur engagement et leur formation seront les clés pour maintenir les efforts de préservation dans les années à venir.
Par ailleurs, s’il y a des jeunes qui souhaitent « Join the team » ou être des volontaires à Ebony Forest pour nous aider dans nos efforts de conservation, ils peuvent nous contacter.
Pour conclure cet entretien, quelles perspectives d’avenir pour assurer la pérennité de la conservation à Ebony Forest ?
La pérennité de la conservation à Ebony Forest repose sur un financement constant, essentiel pour maintenir nos projets et retenir des équipes qualifiées. Il est également crucial de garantir le soutien et la confiance des agences gouvernementales, ce qui nous permettra d’assurer la stabilité et l’efficacité de nos actions à long terme.
Extrait d’un dossier spécial réalisé par Le Dimanche/L’Hebdo et Le Défi Vert, en partenariat avec la MCB.
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