08 JUN 2024

Jean-Philippe Lagane : « Je veux pérenniser le cyclisme »

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Président de la Fédération Mauricienne de Cyclisme, Jean-Philippe Lagane reconnait que le cyclisme mauricien a franchi un palier important cette année, mais préfère rester prudent. Entretien.

Les semaines se suivent, les performances s’enchainent. Peut-on dire que le cyclisme mauricien baigne en pleine euphorie ?

Avec trois coureurs qualifiés pour les Jeux Olympiques et seize médailles continentales, on connait une période faste, c’est évident. Mais je préfère rester prudent. Je sais qu’on peut redescendre aussi vite qu’on est monté. Concentrons-nous sur nos faiblesses plutôt que d’applaudir nos réussites. Nous avons nos problèmes…

Lesquelles ?

Nos clubs ont beaucoup de mal à se structurer et à former. Or, c’est la clé de tout. Pour faire marcher un club, il faut des hommes, une organisation, une vision, un projet... Mais la porte d’entrée reste la formation à outrance, les académies. Faucon Flacq est le seul club à le faire.

Nous surfons sur une génération en or, emmenée par Kim Le Court, dixième de Paris-Roubaix. Ça ne suffit pas à votre bonheur ?

C’est du jamais vu, c’est vrai. Mais une hirondelle ne fait pas le printemps. Il faut détecter et former de nouveaux talents à la source. C’est la responsabilité des clubs. Derrière Kim (Le Court), Aurélie (Halbwachs), Christopher (Lagane) ou Alexandre (Mayer), il y a une belle génération qui arrive et qui prendra la relève… Mais il y a un fossé qui me préoccupe. On va continuer à travailler. Il faut éviter de reproduire le modèle de l’athlétisme, restée trop longtemps orpheline de Buckland et de Milazar. Je veux pérenniser le cyclisme.

Comment s’y prendre ?

Il faudrait déjà commencer par encadrer sérieusement la génération talentueuse qui est en construction. Je parle des Samuel Dupuy, Juliano Ndriamanampy, Tristan Hardy, Henri Rouillard, Thomas Harel, Denito Justine ou encore Jahmie Louis... Ces garçons-là ont besoin de stages à l’étranger, pour se frotter à plus forts. L’aide de l’État serait appréciable. La MCB ne peut pas tout faire.

Le Tour de Maurice débute dans quelques jours. L’objectif c’est la gagne ?

Les choses semblent plutôt bien se présenter. On a fait revenir au pays nos meilleurs coureurs. On sera chez nous, sur des routes qu’on connait, devant notre public. Alors oui, on vise la victoire. Mais ce sera loin d’être facile. Le niveau sera très relevé.

Christopher Lagane, chef de file de la Team MCB, visera une troisième victoire après 2021 et 2022. D’où viendra le danger pour lui ?

De partout ! Il y aura cinq équipes pro au départ. Elles viennent d’Autriche, d’Allemagne, de Malaisie, d’Algérie et de Hollande. A cela il faut ajouter des clubs sud-africains et français sans oublier la sélection du Rwanda. C’est du solide. Au total, 110 coureurs prendront le départ. C’est la première fois qu’on aura à gérer un peloton aussi compact. Ça va rouler très vite, ça va frotter …

Depuis l’année dernière, le Tour de Maurice a un label UCI et un statut 2.2. Qu’est-ce qui a changé concrètement ?

Ce n’est plus la course régionale qu’on a connu autrefois. De gros points sont désormais en jeu. Remporter le Tour de Maurice vaut 40 points, une victoire d’étape 7. Ce ne sont pas les 800 points attribués pour une victoire d’étape sur le Tour de France, mais ça reste motivant.

Où se situe le cyclisme mauricien à l’échelle continentale ?

Dans le top 6, derrière l’Erythrée, l’Afrique du Sud et le Maroc, plus très loin de l’Algérie, et devant le Rwanda.

Est-ce qu’on peut aspirer à être le numéro un ?

A terme, c’est envisageable.

La Team MCB gagnerait-elle à devenir une équipe de Continentale-Pro, le troisième échelon mondial ?

C’est un vrai objectif.  Nous avons du reste déjà enregistré l’équipe. Une Continentale-Pro nous offrirait une visibilité et un rayonnement exceptionnels. On aurait tort de rater ce train. Nous avons, en la MCB, un partenaire fort qui nous comprend, qui nous accompagne... Sans cet apport, rien n’aurait été possible. Ensemble, nous avons accompli 80% du chemin. Les 20% restants, c’est justement de basculer dans cette autre dimension. Mais on parle là d’un budget colossal, supérieur à 15 millions de roupies.

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